" Je considère le dessin, cette passion qui me permet de m’exprimer en silence,
comme le régulateur de mes sens... "
par Aliou Ndiaye, critique d'art
Artiste indépendante, autodidacte, Oumou Touré travaille entre Dakar et Paris depuis 2015. « J’ai commencé à dessiner avant même de savoir comment écrire » confie t-elle. Au début c’était à travers des reproductions d’images. Cette passion du dessin se poursuit jusqu’au collège. C’est à cette période qu’elle commence à taquiner l’art du portrait avec la reproduction de plusieurs modèles de figures célèbres ou anonymes.
Voir la biographie complèteArtiste indépendante, autodidacte, Oumou Touré travaille entre Dakar et Paris depuis 2015. « J’ai commencé à dessiner avant même de savoir comment écrire » confie t-elle. Au début c’était à travers des reproductions d’images. Cette passion du dessin se poursuit jusqu’au collège. C’est à cette période qu’elle commence à taquiner l’art du portrait avec la reproduction de plusieurs modèles de figures célèbres ou anonymes.
Titulaire d’un Bac+3 en Communication visuelle, Oumou est infographiste webdesigner de formation et travaille dans ce domaine depuis 2012. Au début, le dessin était simplement vécu dans son quotidien comme une passion. Après le Baccalauréat elle confie d’avoir « été rattrapée par la passion du dessin ». Pour renforcer ses connaissances, elle s’oriente vers un métier qui lui permettait à la fois de dessiner et d’optimiser ses connaissances dans les sciences. Elle devient graphiste et passe la formation d’une mise à niveau en arts appliqués (MANA) pendant un an. Ce rapprochement avec le milieu académique des arts fut un premier pas important dans sa carrière.
Entre ses lectures, visites de musées et d’expositions, Oumou découvre la diversité des genres et techniques d’expressions plastiques. Les travaux de Mondrian, grand maitre néerlandais de la peinture abstraite l’inspirent pour s’approprier toute la portée esthétique que l’on peut faire véhiculer à travers une ligne ou un trait. Plus tard, elle s’invente son style propre et diversifie ses outils et supports d’expressions. Du pop art au grafittis, en passant par les arts appliqués, l’artiste s’offre des passerelles pour adopter une technique personnelle pour dessiner son vécu, raconter des histoires, partager des émotions, etc.
À travers ses œuvres, idées et récits imagés peuplent les planches d’Oumou Touré dans une remarquable dualité chromatique. Les valeurs du noir et du blanc installent une relation binaire qui exprime toute la richesse d’un choix. Le résultat est une alchimie qui fait croiser le dessin à main levée à des compositions épurées où lignes et traits s’entrecroisent au gré d’une thématique ouverte sur des questions existentielles portant sur le devenir humain.
Du 02 au 16 mai 2019
à la Galerie Nationale d'Art de Dakar au Sénégal.
Pour sa première exposition, Oumou Touré a choisi son pays d'origine : le Sénégal. "Etant née et ayant grandi à Paris, de parents sénégalais, j'ai toujours bénéficié d'un fort contraste culturel. Je tenais donc à naître aritstiquement au Sénégal..."
Ce projet à été initié par : la Directrice de la Galerie Nationale et Seriñ Ndiaye Artist, et coordonné par :
- le manager de l'artiste : Léna Kane
- le commissaire de l'exposition : Aliou Ndiaye
- le scènographe : Fodé Camara et Tawfeex design.
Pourquoi ce choix ?
"Il a été pour moi la première vitrine de la culture artistique au Sénégal. C'est un artiste complet qui m'inspire car il a réussi à exporter son art, partout dans le monde, sans perdre les valeurs de son identité. Il représente bien la richesse de la pluriculturalité, c'est donc naturellement que j'ai choisi Youssou Ndour comme parrain."
Le regard est emblématique, il est à la fois culturel et politique. Il est conditionné dans une relation entre l’individu et son environnement social. L’artiste Oumou Touré s’interroge et interroge cette question à travers une série de dessins.
Voir le texte completLe regard est emblématique, il est à la fois culturel et politique. Il est conditionné dans une relation entre l’individu et son environnement social. L’artiste Oumou Touré s’interroge et interroge cette question à travers une série de dessins. Un regard peut être sympathique, amical, sentimental, menaçant, inquisiteur, triste, gai, rassurant, etc. Le regard exprime un sentiment intérieur qui se dévoile à travers une surface extérieure… Nos yeux sont semblables à des miroirs.
Partagée entre deux cultures, occidentale et africaine, l’artiste rend compte de ce vécu en utilisant ses outils personnels. Elle fait chavirer des lignes et traits pour dessiner avec le Posca, le fusain ou le crayon un ensemble de récits portant sur ce que le sociologue des migrations, Abdel Malek Sayad, assimile à une « Double absence ». Elle est d’ici, elle est d’ailleurs, elle est de nulle part… Oumou Touré se voit comme « une citoyenne du monde » tout simplement.
Les histoires et la nature du regard sont à la remorque de nos environnements socioculturels. Dans une autre perspective, les postures kinésiques et cognitives véhiculées par un regard sont riches d’enseignements. Le psychologue américain Richard Nisbett (The Geography of Thought, 2003) théoricien du « regard interculturel », démontre dans ses travaux les contrastes entre ce qui est « regardé » et ce qui est « vu ». Regarder n’est pas voir. D’une éducation à une autre et d’une situation contextuelle à une autre, nos regards peuvent être « holistiques » ou « analytiques » pour la même chose à la fois commune et différente, exposée à travers nos espaces visuels.